Au premier abord, Atlas est cool. Genre il parle à tout le monde, c'est un "bon vivant", il est drôle (sans forcément l'vouloir, tu vois le genre ? Tu te payes sa tête quoi), il est le premier à lever la main quand un poto a besoin d'aide ou pour les sales besognes. Il se tape de savoir si tu portes un slip ou un boxer. Il se fout de ta religion, de savoir si t'as des couilles en or ou si tu vies dans une poubelle comme un certain Meiji. Il attire les gens, tout simplement. Un mec charismatique, qu'on dit. Ça c'est l'Atlas que tu veux en face de toi.
Mais au fond, un mot trop haut et il part en cacahuète. Il est bagarreur le blondinet, il aime servir des salades de phalanges et des coups de tête à point. Non, c'est pas un cuisinier poète je t'arrête de suite. Au fond, il a des intérêts à protéger Hiroki. Ceux de son frère, ceux de son sang, ceux d'Exodus. Et pour ça, il est prêt à tout. A te faire un beau sourire tout en te jaugeant discrètement. A faire l'abruti tout en observant le type du Shinsen qui est au fond du bar. A profiter de ton moment de déprime pour t'introduire des idées à lui dans le crâne. Manipulateur ? Naaan … il se contente de se servir des gens pour arriver à ses fins, c'est tout. … Ouais, manipulateur. Et pas la peine d'essayer d'avoir un coup d'avance, Atlas a déjà tout calculé (ou du moins, il essaie). PERSONNE ne peut nuire à Karas, c'est même pas une règle de vie c'est sa Bible ! Parce que même s'il fait le clown et qu'il boit des coups avec toi, il est pro le blondinet.
Après, il reste humain. Et quel humain ! Un corps séduisant, une personnalité affirmée, un joli minois … et le voila lancé ! Un vrai baratineur ! Certaines apprécient, d'autres le trouvent lourd. Mais il persiste le bougre, parce qu'il est joueur. En revanche avec le "sexe fort" c'est une autre paire de manche. Il ne perd pas une occasion de prendre les gens pour des cons, c'est naturel. Plus fort que lui. "Eh mec, t'as pas vu un gringalet passer ?" "Bah si" "Il allait où ?" "Ça j'en sais rien" "… T'es con ou quoi ? Il était où ?" "En face de moi". Ou l'art et la manière 1) de faire perdre son temps aux gens, 2) de se payer leur tête, 3) de se foutre sur la gueule pour le plaisir. Ça lui vient tout seul en une fraction de seconde. Il est impulsif, qu'est-ce qu'il y peut ? D'ailleurs Nishimura père le lui avait assez reproché. "Plus tu agis vite, plus tu risques de passer à côté d'un meilleur contrat". Bah ouais. Quand on est intrépide on subit, c'est la vie.
Et sa vie, c'est son gang. C'est son frère. Il porte Exodus comme Atlas porte le monde. Il en est fier. Rien ni personne ne pourra plus les atteindre. Il y laissera sueur, sang et vie si besoin est, mais il sera le mur infranchissable qui empêchera son frère d'être atteint. Tuer ou être tué, c'est ainsi et il le sait. Sa loyauté étouffera probablement, ça aussi il le sait, et il en est fier. Atlas est brave, ça ne l'effraie pas. Et puis l'existence c'est fragile de toute façon, s'il peut dépasser les limites il le fera sans hésitation. Oui, la vie il la méprise. Tout comme il méprise ses ennemis. Il est suffisamment fort pour ça, il est le meilleur. C'est ce qu'on lui répète depuis toujours donc c'est forcément vrai. L’arrogance est sienne. Et malheureusement, elle est source de bien des maux.
Il n'est pas très équitable le blondinet quand il est question de se jauger. Si lui t'insultes ou se paye ta tête, t'avises pas d'en faire de même car sa colère est sans frontière. S'il pète une durite il peut vite faire rouler ta tête par terre. Il est sanguin l'Exodus, et il l'a déjà prouvé. Genre, tu as entendu parler du mec qui voulait refiler des infos sur un échange "équitable" entre un politicien véreux et Exodus ? Ouais nan, c'est normal. Et le mec qui a volé dans le butin du gang ? Ses os ont fondu dans un bidon près d'Akihabara. Ou le type mutilé d'un bras et d'une jambe qui pensait pouvoir vendre Karas au Shinsengumi ? Putain Atlas a bien tenté de laver ses fringues mais au final il a du tout brûler. Il s'arracherait le cœur lui-même pour Exodus si ça pouvait leur apporter gloire et immunité.
Puis, il court partout le blond. Dans le passé Atlas courrait après la vie, maintenant il court aux côtés de son frère à la poursuite des emmerdes. Il ne tient pas en place, c'est comme ça. Dormir ? Pour les faibles. Lui il n'a pas le temps. Il doit collecter des infos, gérer les affaires de Karas quand il considère la chose un peu trop légèrement, regarder ses ennemis, surveiller ses amis. Il a toujours quelque chose à faire Hiroki, c'est comme ça, c'est sa voie, il l'a choisi. Et malgré tous ses efforts, malgré toute sa volonté, à ses yeux il ne saura jamais remboursé l'immense dette qu'il estime avoir envers Karas.
Hiroki, il aurait pu se faire mettre des dents en or plutôt qu'un appareil dentaire. Il aurait pu se promener avec des bagouzes à chaque doigt en rappant comme un gosse de riche. Mais voila, Hiroki n'est pas comme ça. Plutôt que se la jouer "équitation, école privée et billet doré à la Willy Wonka", il était dans l'game en mode pull à capuche, chuppa chups de branleur et vieille console dans la poche. Bon c'est vrai, comme tout les gosses il aimait se la péter un chouillat, mais sans prétention. Juste pour le plaisir de venir à l'école avec chauffeur /PAN/
Dans la cour, il jouait avec ses potos sur un pied d'égalité, mais en classe, c'était différent. Bien coller les gommettes dans les cercles. Etre le premier à répondre aux questions. Toujours bien s'entendre avec tout le monde. Etre le meilleur partout pour devenir PDG comme papa. Etre précis pour être inégalable, comme papa. Etre poto avec tous ses copains pour avoir des "relations" comme papa. Une voie toute tracée qui lui collait assez bien à la peau. Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Le talent appelle le talent, non ? C'est dans son sang. Une vie des plus agréable enveloppait alors Hiroki. Plein de copains, les sourires innombrables de la maîtresse chaque jour, la satisfaction et la fierté de ses parents … Un Dracaufeu sur Pokemon rouge feu. Bref, au poil. Et puis vint une drôle de bestiole ...
Un "frère" ? Le blondinet avait déjà envisagé la chose, avoir un modèle réduit à éduquer un peu comme un chien. Lui lancer une balle et attendre qu'il la lui rapporte. Ça aurait été cool. Mais non. C'était ni un marmot (clairement pas), ni un chien. Son arrivée avait laissé Hiroki sur le cul. Déjà d'une, sa mère n'avait même pas eu son gros bide. Ensuite, il ne lui ressemblait pas du tout. Alors que l'un semblait être né dans une bulle dorée, l'autre ressemblait à un vilain cabot des rues. Mais ça ne découragea pas le jeune garçon pour autant ! Ses nombreuses tentatives de contact n'avaient pas été grandement concluantes. L'attraper par la main et lui montrer sa chambre, lui présenter ses jouets, ses camarades de classe, la maîtresse ... il était rare que l'autre manifeste une émotion, quelle quelle soit. De nombreuses questions se succédaient dans l'esprit du blondinet. Peut-être qu'en fait Takeshi était un robot acheté par son père pour qu'il se sente moins seul ? L'idée d'avoir un frangin du jour au lendemain avait eu du mal à faire son chemin. Une telle douleur semblait habiter le nouveau membre de la famille, qu'Hiroki s'imaginait tout un tas d'histoire. La véritable lui fut révélée un soir de cette même semaine, alors qu'il écoutait aux portes comme souvent. Un conte qui n'était clairement pas pour les enfants.
Alors le Nishimura redoubla d'effort pour aider son frangin à retrouver le sourire. Des vannes carambars aux grimaces ridicules, des gentilles bêtises débouchant sur une courte engueulade aux vilains tours joués aux voisins. Tout y passa. Et à force d'acharnement, la glace finit par se briser pour le plus grand bonheur d'Hiroki. Petit à petit la complicité s'installa entre eux et l'adage "à la vie à la mort" ne trouva pas meilleur exemple. Bien que ce fut (et ce que c'est toujours, d'ailleurs) rude, le blondinet se donna pour mission de redonner le sourire au nouveau Nishimura. Vivre d'amour et d'eau fraîche, dos à dos, manipuler les gens pour obtenir tout ce qu'ils voulaient, faire des conneries de gosse un peu partout sans se faire chopper … Ils auraient pu vivre ainsi jusqu'à la fin de leurs jours, mais ça n'aurait pas été drôle.
Finalement, ce ne fut pas le visage plein de sourire qui se multiplia, mais celui de la douleur. Quand c'est ton héros, ton pilier qui se casse la gueule, ça fait mal. Il était parti comme Takeshi était arrivé : du jour au lendemain. Une mort brutale tant pour le blondinet que pour son frère. Plus envie de rire, plus envie de faire des blagues, juste se faire péter les dents sans raison, prendre des coups pour raviver la douleur physique et atténuer la douleur psychologique. Hiroki ne pense plus, il se laisse mourir à petit feu. Plus d'envie de PDG, rien à branler des sourires des gens, plus envie de les manipuler pour arriver à ses fins. Juste le silence et la solitude. Mais Takeshi est son frère de sang, et ça, c'est sacré.
Une bonne raclée un soir et juste une phrase : "J'te péterai la mâchoire que si ça peut te faire du bien à partir de maintenant.". Toute les larmes du corps du blondinet sortirent ce soir-là. Et son frère le redressa une bonne fois pour toute, ignorant l'état pitoyable dans lequel il était. Une bonne leçon de prise, encore, et un retour à la réalité violent mais efficace. Et leur mère dans tout ça ? Et son frangin ? Comment avait-il pu en arriver là ? La honte le submergea et il changea de pilier. Il en avait oublier les sentiments de ce bro arrivé de n'importe où, qui perdait son second père. Et qui avait perdu temporairement son sang.
Plusieurs années après, Hiroki est toujours là. Vivant, bagarreur, manipulateur comme jamais. Fidèle comme un chien à son maître. Il vit pour Takeshi. Il le soutient de tout son être. Car rien ne compte plus que lui. Le sang, c'est sacré, ça l'a toujours guidé. Il écoute, il oriente, il suit. Sans jamais se détourner des intérêts de son frère. Seuls dans ce monde pourri, ils survivront. Mieux, ils vivront !
Et puis cette pseudo sphère de bonheur s’est effritée quand, contre l'avis du blondinet, Takeshi s'éprend de Valéria. Jusqu'à ce qu'ils se marient. Mais l'autre Nishimura semble si heureux, qu'Hiroki ne se sent pas le droit de tout foutre en l'air. Alors il s'efface, lentement, gardant un œil sur son meilleur ami à distance. Au fond, cette fille n'est pas si mal. Elle apporte un équilibre à son frère, elle le soutient, elle l'oriente, elle le maintient en vie. Tout comme lui. C'est un soutien non négligeable, et au fond il aime discuter avec elle. Alors naïvement il lui fait confiance. Mais une fois de plus, c'est une désillusion qui l'attend.
Et cette fois, ils sombrent tous les deux
L'un est brisé d'avoir perdu l'amour de sa vie. L'autre est brisé de voir son modèle couler sans savoir comment le relever. La haine et la colère deviennent leur maîtresse. La rancune bouffe le cœur du blondinet, les épisodes foireux de sa vie le font suffoquer. La vie c'est ça, c'est quand ça fait tellement mal qu'on arrive plus à respirer. Alors ils rejoignent Exodus afin de déchaîner leur souffrance. Ils embrassent ce monde de violence tant craint par Valéria. Mais Hiroki n'est plus aussi ambitieux que dans son enfance, il se contente de suivre le mouvement. Takeshi, lui, vise plus haut. Bien plus haut. C'est ainsi qu'il finit par prendre les commandes du gang. Inconsciemment, le blondinet a toujours su qu'il n'aurait qu'un second rôle, mais cette situation lui convient. Il en a moins chié que son frangin, il lui doit tout. Il lui donnera tout. Son intelligence, son courage, sa vie.
Un beau matin, Karas vit le jour. Maître d'Exodus, redouté tant par les siens que par ses ennemis. Une proie pour les assoiffés de pouvoir. Un être à protéger d'autant plus. Alors Hiroki aussi doit évoluer. Hiroki aussi doit insuffler la peur, mais aussi la sympathie pour garder Exodus soudé. Il doit devenir un bras droit, un bras gauche et même un troisième bras au besoin. Petit, sa mère lui parlait beaucoup de mythologie Grecque, de divinité, de martyres … mais aussi d'un colosse portant le ciel sur ses épaules. Hiroki devait porter leur nouveau monde sur les siennes pour éviter une chute fatale à Karas. Atlas porte et portera toujours Exodus sur ses frêles épaules.